LE PATRONYME

LES VARIANTES

RIBES, RIVES, RIBAS, RIVAS, RIVE : Un toponyme très souvent utilisé comme patronyme. Désigne celui dont l'habitation se situe sur la rive d'un cours d'eau (latin ripa). La forme RIVAS est castillane. (http://www.jtosti.com/indexnoms.htm).

RIVALIER : L'ancien surnom de "l'homme qui habitait sur le bord, la rive d'un cours d'eau" est porté aujourd'hui par 78 foyers en France, dont 26 en Auvergne, 12 en Limousin, etc… (Pierre-Gabriel Gonzalez, La foire aux patronymes, RFG, juin/juillet 98, n° 116, p. 40). 

RIBALLIER : RIBAL, RIBALIER (région du Bordelais) du mot occitan RIVA rivage, en latin RIPA, celui qui habite au bord d'une rive ou d'un rivage. (Marie-Thérèse Morlet : Dictionnaire étymologique des noms de famille, Librairie académique Perrin, 1991, nouvelle édition 1997).

RIBALLIER : Très rare, le nom est à rapprocher de RIBAILLER, RIBAILLIER, portés dans l'Yonne. Les plus anciennes mentions connues le situent dans le Maine à la fin du XVIe siècle [...]. (http://www.geneanet.org/onomastique/)

Les mots latins  "RIPA" (la rive)  et "RIVALIS, E" (le riverain) sont certainement à l'origine du patronyme  "RIVALIER".


Les langues
catalane et castillane, ne font aucune distinction dans la vocalisation entre le "v" et le "b".  Dans ces régions, la personne qui déclarait son nom "RIVALIER" à un scribe (ecclésiastique, notaire, ou  autre) le prononçait "RIBALIER" et il y avait toutes les chances pour que le-dit scribe, en particulier s'il n'était pas de la région, l'écrive comme il l'avait entendu. Bien entendu, il ne questionnait pas pour savoir s'il fallait mettre un "v" ou un "b", ce qui aurait risqué de ternir son prestige et qui n'aurait servi à rien si l'homme était illétré.

On peut donc avancer que les RIVALIER  qui sont passés par ces zones linguistiques  ont vu leur patronyme initial rapidement transformé au gré du scripteur en "RIBALIER",  "RIBALLIER" ou "RIBAILLIER". Cette dernière orthographe est extrêmement  rare en Anjou-Maine alors qu'elle est quasiment générale en Bourgogne.

A noter que l'orgue de Saint-Savin-en-Lavedan (Hautes-Pyrénées), contruit en 1577, fit l'objet d'un relevage par Antoine RIBALLIER en 1618, organiste et prébendier de Sainte-Marie d'Auch (Gers).
. Ce qui conforte l'hypothèse de la présence ancienne du patronyme en Occitanie.
Orgue de Saint-Savin-en-Lavedan

Les recherches sur l'annuaire général INFOBEL (http://www.infobel.com/fr/france) donnent pour la France les résultats suivants à la date du 21.10.2007 :
RIBALIER     :    Aucune occurrence.
RIBALLIER   :    3 foyers, tous en Ile-de-France.
RIBAILLER   :    4 foyers, (Paris, Yonne, Var, Hte-Garonne)
RIBAILLIER :    43 foyers, répartis sur 8 régions (voir graphique).
RIVALIER     :    64 foyers répartis sur 15 régions (voir graphique).
Evidemment  ces résultats sont à prendre avec précaution, car
les numéros sur liste rouge ne figurent pas dans les annuaires, non plus que la plupart des numéros de téléphone des abonnés ayant quitté l'opérateur France-Télécom pour la téléphonie par Internet ou mobile. Cependant on peut considérer que, si le nombre de foyers de chaque variante est en réalité plus élevé que les résultats trouvés (probablement 2 fois),  les proportions sont conservées.

Sur la carte des régions de France sont représentés les  concentrations patronymiques majoritaires.

En vert :  Les RIBALIER/RIBALLIER anciens, principalement dans les Pays de la Loire, mais aussi en Poitou-Charentes. Entre 1600 et 1800 ma base généalogique en répertorie plus de 250 dans l'ancienne province du Maine. A l'heure actuelle le patronyme ne compte plus que quelques porteurs, probablement moins de six.

En jaune :  Les RIVALIER actuels.

En bleu :  Les RIBAILLIER actuels. L'Ile-de-France est une région d'immigration sans implantation ancienne, elle n'est pas prise en compte sur cette représentation.
Régions

Les  signatures (et non les transcriptions du patronyme), relevés chronologiquement sur les documents généalogiques montrent clairement que l'orthographe "RIBALIER" que l'on rencontre à peu près à égalité de fréquence avec "RIBALLIER"  jusqu'au XVIIe siècle, disparait ensuite totalement au profit de "RIBALLIER". L'ajout du deuxième "L" semble se produire vers le milieu du XVIIe siècle, pourquoi ? Peut-être une question de mode, était-ce plus "chic" d'écrire ou de signer ce nom avec deux "L" plutôt qu'un seul ? Quand au stade suivant "RIBAILLIER". C'est une variante qui semble être spécifique à la Bourgogne où les patronymes les plus anciens, qui s'écrivaient également "RIBALIER" ou "RIBALLIER", ont rapidement dérivé vers "RIBAILLIER". Question de prononciation ? Quoi qu'il en soit, on constate de nos jours, que dicter le nom "RIBALLIER" sans l'épeler abouti une fois sur trois à "RIBAILLIER", et ce quelle que soit la région de France. 


"RIBALLIER"

Les plus anciennes mentions du patronyme, figurent sur les registres de Sablé-sur-Sarthe en 1575 (règne d'Henri III).

Magdelaine RIBALLIER, marraine à Sablé le 27 février 1575 :

RIBALLIER Magdelaine 15750227Mne Sablé v178.jpg

et Julien RIBALIER parrain de Roland Mesnaige à Sablé-sur-Sarthe, le 16 août 1575 (règne d'Henri III) :

Registre des baptêmes, Sablé-sur-Sarthe, 1573-1582, paroisse Notre-Dame,1 MI 1286 R.

Le 16me aout 1575 baptise par
moy curé de Sablé roland mesnaige fils
de gilles mesnaige pour parrain [...] de
la moreliere [...] roland [...]
julien ribalier maraine marie
le roux

On retrouve ce Julien RIBALIER dans un ouvrage de ce Gilles MÉNAGE, "Vies de Pierre Ayraut, Guillaume Ménage et Matthieu Ménage" (*) traduit du latin .

"L'an 1599 il (il s'agit de Guillaume Ménage père de l'auteur) retourna à Paris où inscrit au tableau des avocats de cette ville il plaida deux fois au parlement. L'année suivante il revint dans son pays. Il était donc arrivé le dernier jour d'août, à Sablé, lorsque Julien Ribalier lui fait savoir par François Ribalier, qu'il ait à se rendre chez lui pour transiger sur le compte de tutelle..."

Il existe d'autres mentions de personnes (non encore reliées à la précédente) portant ce patronyme dans l'ancienne province du Maine.

- René RIBALLIER ép. Françoise DORIZON, dont Marie née en 1608 (tables BMS de la paroisse de St-Jean-du-Mans).
- Mathurin RIBALLIER, architecte manceau, épouse Françoise LE PROUST le 2 mai 1655 à La Flêche (72).

Soit, avec les descendants, plusieurs centaines d'occurrences RIBALLIER dans les archives des actuels départements de la Mayenne et de la Sarthe.

(*) Gilles MÉNAGE, Vita Petri Aerodi… Paris, 1675, 1n-4, XLII-540, cote BNF : 4 LN27 855 par B. Cordier-Langlois, Anger, V.Pavie, 1844, in-8° 184 p., cote BNF : 8 LN27 856. p. 81-83.


"RIBALLIER-des-ISLES"

Urbain Riballier est né à Sablé-sur-Sarthe en 1711. Il épouse Marie Chenon en 1739, l'acte le désigne comme "Messire Urbain Riballier licencié en lois" et il signe "Riballier".

Urbain Alexandre naît en 1740, à Beaumont-le-Vicomte (actuellement Beaumont-sur-Sarthe), où le couple s'est établi. Dans l'acte de naissance, le père est désigné en tant que "Maître Urbain Riballier sieur des Isles licencié en lois", mais il signe toujours "Riballier". On peut donc en supposer qu'en 1739/1740 Urbain Riballier a acheté un domaine appelé "Les Isles", à moins que propriétaire depuis plus longtemps, il décide de commencer à faire mentionner son domaine dans les actes officiels.

Le toponyme "Les Isles" est fréquent dans la Sarthe, il désigne des îles dans une rivière ou dans un méandre, ou des terres entre deux cours d'eau. Le patronyme correspondant est Désile, il est surtout porté dans la Sarthe.

Il semble que ce soit Urbain Alexandre qui, le premier, modifie son patronyme et signe "Riballier Desilles" à son mariage en 1766. Par la suite coexistent, dans divers branches de descendants, les orthographes "Riballier Desilles", "Riballier Desiles" ou "Riballier-des-Isles", pour ne citer que les principales variantes.

C'est en février 1878 que Charles Suzanne Riballier des Isles demande au Tribunal de Première Instance de la Seine la rectification du patronyme "Déciles" porté par erreur sur son acte de naissance rédigé à Cadix. Le tribunal accède à sa requête : "...attendu qu'il résulte de documents produits par le demandeur, et notamment des actes de l'Etat-civil concernant ses ascendants depuis plusieurs générations, que son nom patronymique est Riballier des Isles...". Ce qui n'est pas tout à fait exact car son père Joseph Marie se nommait et signait "Riballier Desilles", son grand-père Urbain Joseph, qui s'est marié trois fois, signait simplement Riballier bien que son acte de naissance lui attribue le patronyme de "Riballier des Illes". Quant à l'arrière grand-père Urbain Alexandre, même s'il se faisait appeler "Riballier Desilles", son acte de naissance ne porte que le patronyme de "Riballier", le même que celui de ses ancêtres que j'ai retracés jusqu'en 1568.

C'est en août 1878 que Marie Claudine, la soeur de Charles Suzanne, continue l'action et obtient du même tribunal la rectification de son patronyme, de celui de ses autres frères et soeurs et de leurs descendants.

 

TOPONYMIE

MAYENNE

Tome III, p. 405, et tome IV (Supplément), p. 777,  
du Dictionnaire de la Mayenne de l'Abbé A. ANGOT on trouve deux localités dont les noms se rapprochent du patronyme RIBALLIER. L'introduction   de ce même dictionnaire explique la génèse des noms de lieux (orthographe respectée) :

"... Les defrichements amenèrent la création d'un nombre de fermes et de domaines superieurs à ce que l'on connaissait jusqu'alors. On reconnait le plus grand nombre de ces localités nouvelles à des noms dérivés de noms propres d'homme, celui de leur premier possesseur, augmenté des finales ières ou erie. Ces desinences n'étaient pas inconnues aux époques anterieures, mais repondaient à une même forme latine et avaient une autre signification. La Ferrière, Avenières, Fromentière, designaient des lieux abondants en minerai, en avoine, en froment. Les noms de la nouvelle éclosion si féconde contiennent toujours un nom d'homme. On ne les trouvent qu'exceptionellement en dehors de l'ouest de la France parce que partout ailleurs le sol avait été mis en culture bien anterieurement. Chez nous, on n'en compte pas moins de 8000. M. d'Arbois de Jubainville se demande à quelle date ils ont pu aparaitre. Je repond que presque tous se sont formés du XIème au XIIIè siècle. J'ajoute comme une remarque interessante qu'à leur formation ont présidé des regles logiques et qui supposent encore une notion confuse de lois de la phonétique. Les noms propres qui indiquent une profession, une fonction, une dignité, donnent leur noms locaux en erie : la Maçonnerie, la Couverie, la Compterie, la Preterie, etc.. Tous les autres forment des noms en ière : la Normandière, la Renardière, la Renaudière sauf pourtant le cas où le mot radical a une finale en er qui par euphonie amène la desinence en erie : la Besnerie, la Gauterie, la Rogerie, ..."

Il apparaît donc que ce sont nos ancêtres qui ont donné leur nom à ces lieux et non le contraire. Ils étaient donc établis en Mayenne avant ces défrichements. 

- Ribaldières (les), f., commune de Ruillé-Froidfont, à 1.500 m. S. du bourg. Y demeure Jul. Vayer, mari de Françoise Lefebvre, sieur de la Torchonnière, XVIe s. Aussi dénommées Les Riballières, 1647 (Arch. de la M., B 2278). - La Basse et la Haute-Ribalière, f. (Cassini). - La Basse et la Haute-Riballière (Cadastre). - Y demeure Renée de Bréon, veuve de Robert de la Planche, 1602 ; - à René de la Planche, sieur des Haies, 1647 ; - à Louis de la P., seigneur des Haies, 1668. - Vendue natt, pour 10.100#, le 18 messidor an II, sur N. Raffray, condamné à mort.

Cassini Les Riballières
La Basse Riballière La Haute Riballière

 - Riballerie (la), f., à cheval sur les communes d'Izé et de Saint-Georges-sur-Erve. Mét. acquise de Jean Houdbert, du Lude, par René Richard, 1750.

Izé

St Georges


MAYENNE ET AUTRES LIEUX

Il existe en France plusieurs lieux dont les noms se rapprochent du patronyme Riballier, on note une concentration marquée dans l'ouest, en particulier en Poitou-Charentes pour la variante Rivalier.

INSEE Lieu dit Commune Département Région
43223 La Rivalière Saint-Romain-Lachalm Haute Loire Auvergne
71490 Coupe à Ribaillier St-Vincent Saône et Loire Bourgogne
37051 Le Rivalier Champigny-sur-Veude Indre et Loire Centre
37105 Le Rivalier Faye-la-Vineuze Indre et Loire Centre
87013 - Bersac-sur-Rivalier Haute Vienne Limousin
87013 Rivière le Rivalier Bersac-sur-Rivalier Haute Vienne Limousin
09002 Ruisseau de Ribalerie Aigues-Vives Ariège Midi Pyrenées
81145 La Rivalière Lisle-sur-Tarn Tarn Midi Pyrenées
81145 Ruisseau de la Rivalière Lisle-sur-Tarn Tarn Midi Pyrenées
82002 La Rivalière Albias Tarn et Garonne Midi Pyrenées
53120 La Riballerie Izé Mayenne Pays de la Loire
53193 La Basse Riballière Ruillé-Froid-Fonds Mayenne Pays de la Loire
53193 La Haute Riballière Ruillé-Froid-Fonds Mayenne Pays de la Loire
79020 Le Rivalier Augé Deux Sèvres Poitou Charentes
79148 Les Rivalières Lezay Deux Sèvres Poitou Charentes
79289 La Riballerie Saint-Pierre-des-Échaubrognes Deux Sèvres Poitou Charentes
79340 La Rivalière Vausseroux Deux Sèvres Poitou Charentes
86077 Les Rivalières Civaux Vienne Poitou Charentes
86203 La Rivalière Queaux Vienne Poitou Charentes
86225 Rivière le Rivalier Saint-Jean-de-Sauves Vienne Poitou Charentes
86297 La Ribalière Vouneuil-sous-Biard Vienne Poitou Charentes
38565 Les Rivalières Voreppe Isère Rhone Alpes
38044 Ribaillère Biol Isère Rhone Alpes
42139 Bois de la Rivalière Marlhes Loire Rhone Alpes

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